16 févr. 2012

Partie1/Chapitre 7 [Berry]

Aby sauta sur le canapé et lécha le nez de Kye. La petite bête aimait bien quand Mey et son amie faisaient n’importe quoi, il ne comprenait pas mais il aimait bien.

Mey se releva et inspecta d’un regard l’appartement. Satisfaite, elle déclara :

-Bon, c’est super ! On va au parc maintenant ?

Kye approuva et fila se changer et chercher la flute que lui avait offert Tex. Pendant ce temps, Mey enfila une petite robe turquoise et des sandales. Elle sélectionna un appareil assez petit et pratique, qu’elle prenait lorsqu’elle allait se balader avec Aby et Kye.

Une fois prêtes, les deux jeunes filles, Aby et Zoukk s’engagèrent dans l’ascenseur et Mey indiqua le parc ou elles souhaitent se rendre. La machine s’ébranla et décolla silencieusement vers la plateforme. Mey, le nez appuyé contre la vitre, observait le monde hostile du dehors. Un jour, pensa elle, un jour je sortirai, juste pour voir.

Quelques minutes plus tard, Kye et Mey s’installait a l’ombre d’un grand arbre aux feuilles bleues. Kye entama tout de suite une partition qu’elle connaissait bien, tandis que Mey prenait quelques clichés d’Aby. La petite créature était la cible préférée de Mey. Sa fourrure scintillante permettait de jouer sur de nombreux tons et captait différentes lumières. Pourtant, aujourd’hui, Mey espérait prendre quelques oiseaux en photo. Elle devait réaliser un sujet traitant sur leur camouflage, et elle n’avait encore rien commencé.

-Kye, je vais faire un ptit tour, surveille Aby ok ?

Son amie hocha la tête en relisant sa partition. Mey avança vers un arbre et entreprit de monter à son sommet. Une fois là-haut, elle observa les alentours. Aucuns oiseaux ne se présentaient à elle. Elle avança encore un peu sur une branche et découvrit un arbre tout sec qui pourrait lui servir de passage vers un autre arbre, plus grands.

Posant son pied avec précaution sur une branche, l’humani avança un peu. Une fois arrivée de l’autre côté, elle se ramassa sur elle-même en découvrant un nid. C’était quelque chose de très rare ici, car les oiseaux bâtissaient leurs nids beaucoup plus hauts d’habitude. Mey prit quelques clichés de l’entrelacs de brindilles et d’herbes sèches. A Vue d’œil, c’était un très petit oiseau qui vivait là. Mey en eu la confirmation lorsqu’un petit rapace tout rouge, avec une crête cramoisie se posa dans le nid. Fasciné, la jeune fille ajusta discrètement le zoom et enclencha le mode « rafale ». Elle traiterait la qualité plus tard. Malgré la discrétion de la jeune fille, l’oiseau s’éloigna un peu et s’envola pour se poser sur un arbre dont les branches se croisaient avec celui sur lequel était installé Mey.

L’humani suivit le volatile avec agilité, mais ce dernier ne cessait de l’attirer un peu plus loin. Enfin, aux termes de quelques acrobaties, il alla se poser sur un petit arbre pourpre, derrière un ravin. Mey, le visage et les bras griffé par les branches, décida de tenter le tout pour le tout. Elle accrocha solidement son appareil à sa ceinture et inspira un grand coup. Elle compta trois temps, et poussa d’un coup sec la branche sur laquelle elle tenait. Au prix d’un incroyable élan, elle s’élança dans le vide, au-dessus du ravin.

Par un coup de chance, elle réussit à attraper une branche qui se présenta à elle. Le choc fut assez violent, cependant Mey se hissa rapidement, à la force des poignets sur une branche plus épaisse.

La jeune fille se faufila à travers les branches et passa sur un autre arbre. A cet endroit, la végétation était plus dense et moins praticable. Mey se fraya difficilement un chemin à travers les feuilles dures et coupantes de l’arbre sur lequel elle était. Enfin, avisant une branche plus dégagé, elle s’allongea dessus et observa ce qui se trouvait autour d’elle. L’arbre dans lequel elle était installée était si touffu que de là où elle était, on ne voyait plus le ciel. La branche sur laquelle était allongée l’humani lui laissait juste voir une petite clairière entourée par d’autres arbres similaire à celui dans lequel était l’humani. Au centre de la clairière, il y avait une petite butte de terre, sur lequel s’était perché l’oiseau que Mey poursuivait. La jeune fille, victorieuse, saisit son appareil et sélectionna un bon mode de lumière. Elle s’apprêtait à enclencher le bouton de prise de vue, lorsque son œil tomba sur un petit objet brillant, à quelques centimètres d’elle. N’osant plus respirer, Mey s’approcha de la petite boite métallique. Il ne lui fallut que quelques secondes pour comprendre que c’était une caméra. Une caméra. Qui aurait eu l’idée de placer une caméra dans un arbre très difficile d’accès, pour filmer une clairière ou il ne se passait rien ?

Mey jeta un regard circulaire et étouffa une exclamation lorsqu’elle découvrit la même machine deux mètres plus loin. Confirmant ses pensées, une troisième camera s’avéra être posté sur l’arbre en face d’elle. Pendant quelques secondes, Mey découvrit une quinzaine d’appareils, posté régulièrement sur les arbres, toutes tournées vers le centre de la clairière. Si il y avait autant de camera, c’était pour surveiller quelque chose… Mais du coup, Mey avait donc été repérée ?

La connaissance de la jeune fille dans tout ce qui s’approchait, de près ou de loin à la technologie de la vision lui permettait de définir le modèle des caméras et approximativement, la distance de prise de vue de ces engins. Par un rapide calcul, Mey établit qu’elle se trouvait dans un angle mort. De là où elle était, les cameras ne pouvaient pas l’enregistrer ! En revanche, si elle s’avançait de trente centimètres, elle serait immédiatement repérée…

Mey était intriguée. Que surveillaient ces cameras ? Elle ne voyait dans la clairière rien qui n’aurait mérité ce genre de protection… ou cette surveillance. Sans doute ces cameras surveillaient la croissance de quelques plantes, ou bien c’était un sujet d’étude pour le Système… Rien de bien inquiétant en définitive.

Cependant, quelques secondes plus tard, un mouvement derrière un arbre attira l’œil de l’humani. Apres un court instant, une silhouette humanoïde sortit du taillis. Elle portait une cape sombre qui l’enveloppait jusqu’au nez et portait des bottes souples et noires, le genre de bottes que Mey utilisait lorsqu’elle voulait prendre en photo un félin et qu’elle était obligée de grimper dans un arbre en silence. L’individu se tourna et jeta un regard circulaire sur la clairière. Il gardait la tête baissée, mais Mey compris qu’il portait un masque. Lorsqu’enfin il releva sa tête, Mey étouffa une exclamation : l’humani inconnu portait le masque des représentants du Système ! C’était la première fois de sa vie qu’elle en voyait un en vrai. D’habitude, ils se contentaient de passer par vidéos sur leurs écrans ou bien en enregistrements via leur carte… En cours, on avait expliqué à Mey que les représentants du Système ne portaient jamais leurs masques en dehors de la tour principal. Hors, un représentant se trouvait ici, dans un parc, ou plus précisément, dans une clairière surveillée par une quinzaine de cameras !

Mey, retenant son souffle, démonta l’enclencher et le flash de son appareil. Elle braqua l’objectif et brancha le mode « rafale » en priant pour que le minuscule ‘’clic !’’ Qu’avait émis son appareil passerait inaperçu dans le bruit des feuillages. Un rapide coup d’œil sur son appareil lui apprit que la manouvre s’était déroulée comme elle l’espérait. Mey reporta son attention sur la clairière. Le représentant s’était avancé au centre de la clairière et avait sorti sa carte. Contrairement à celle, noire et brillante, de Mey et à celle de tous les autres humanis, la sienne était dorée et mat.

Il pencha la carte horizontalement et prononça deux mots : « Opération P »

La carte émit un faible sifflement, presque un ultrason, et la butte de terre qui se trouvait au centre de la clairière trembla. Mey se pencha en avant et compris : une trappe était en train de s’ouvrir sous la terre. En effet, 10 secondes plus tard, un cercle sombre s’enfonçait sous terre, d’où pointait une échelle de plastique translucide. Le représentant entreprit de descendre, tandis que la trappe se refermait au-dessus de lui, la terre retombant par-dessus le tout. Une minute plus tard, la clairière était aussi vide que lors de l’arrivée de Mey.

Cette dernière, très troublée, décida d’attendre dix minutes, puis, voyant qu’il ne se passait rien, se retourna sur le ventre et entreprit de glisser vers une branche derrière elle. Elle réussit à se mettre debout et regagna rapidement le fossé qu’elle franchit dans le sens inverse. Elle continua son chemin jusqu’au premier arbre qu’elle avait escaladé. Elle glissa le long du tronc et s’avança vers Kye. Son amie leva les yeux vers elle et compris immédiatement qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. En silence, elle rangea son instrument, et sortirent immédiatement du parc. Quelques minutes plus tard, les deux humanis, Abigail et Zoukk étaient de retour dans l’appartement.

Mey s’assit dans le canapé et fut rapidement rejointe par Kye qui la regarda dans les yeux quelques secondes avant de déclarer :

« Tu m’explique ? »

Mey hocha la tête et brancha son appareil photo sur l’écran mural. Elle fit défiler ses clichés rafales en accéléré, ce qui donnait le visuel d’un petit film mal coupé. Une deuxième fois, Mey observa l’humani l'inconnu pénétrer dans la clairière, puis descendre l’échelle. Une fois le film terminé, Mey se tourna vers Kye qui fronçait les sourcils, sans comprendre. Mey indiqua :

« La clairière était surveillé, il devait y avoir au moins 15 cameras autour ! C’est forcément un truc officiel, non ? Un truc du Système ?

-Oui… Je ne sais pas… Pourquoi ils iraient mettre un truc officiel au fond d’un parc, dans un endroit presque inaccessible ? Pourquoi est-ce que ce n’est pas dans leur tour ?

-J’en sais rien… avant de rentrer le type a dit à sa carte « Opération P », tu sais ce que ça pourrait signifier ?

-Un truc en rapport avec le Système ? Je ne pense pas, je pense que c’est une organisation secrète, non ? Tu penses que le Système est au courant ?

-Non… Ou alors c’est un service secret du Système ? Ça serait trop louche, d’habitude tout est public là-bas. Quelque chose que le Système devrait nous cacher ?

-J’en était sure, Triompha Kye, je le savais que le Système faisait des trucs secrets ! Mais du coup, ça pourrait être quoi « opération P » ? P… comme… pollution ?

-Non, ça ils le règlent depuis longtemps, et ce n’est pas notre tour qui pollue, c’est celles en banlieues.TR

-Peut être que c’est pour ça qu’ils ont mis leur QG secret chez nous… peut être qu’ils envisagent de transplanter les vieilles tours ailleurs ?

-Mouais, je pense pas trop… ils auraient très bien pu s’en occuper dans leur propre tour, non ? Je pense que c’est quelque chose ou ils ont BESOIN d’être sur le terrain…

Kye réfléchit quelques secondes, puis poussa un soupir.

-Sans doute… a ton avis, on devrait le garder pour nous ?

-C’est clair ! s’exclama Mey, si c’est un truc ou on se fait liquider parce qu’on en sait trop…

Mey se leva et prit une pose théâtrale, les mains tendues devant elle et prenant une voix caverneuse :

« Vous ne nous laissez pas le choix, vous en savez TROOOOOOOP….

Elle mima le geste de tirer et tomba à terre. Kye pouffa et l’aida à se relever :

-Pff, si ça se trouve c’est quelque chose de très sérieux… Enfin, ça ne nous regarde pas j’imagine. Tant qu’on n’aura pas d’autre preuve que le Système veut te faire disparaitre, on laissera ce qu’on a vu de côté d’accord ?

Mey hocha la tête et s’éloigna afin d’aller prendre une douche. Elle était couverte de boue, et son voyage dans les arbres l’avait salie. Pourtant, une fois sous l’eau brulante, elle ne put s’empêcher de repenser a la scène. Elle était bien trop curieuse pour laisser passer ça. Demain, décida-t-elle, je retournerais dans la plaine et j’essaierais d’en apprendre plus.

Elle ignorait que de son coté, Kye était aussi préoccupée qu’elle…