14 oct. 2011

Partie 1/Chapitre2 [City]

Kye se maudissait d’être entrée dans cette boutique. Elle le savait pourtant ! Cette petite échoppe était une vraie tentation pour la jeune fille. C’était son nirvana ! De vieux instruments datant du temps des humains s’entassaient dans tous les coins ! Des guitares, des violons, des flûtes, des tams-tams et encore d’autres merveilles ! Toutes les semaines, elle se laissait piéger par la vitrine du magasin et toutes les semaines, elle ressortait avec un nouvel instrument de musique à rajouter à sa collection. L’endroit était tout petit et donc très discret. D’ailleurs, Kye se demandait souvent comment autant de trésors pouvaient tenir dans un lieu si minuscule. Mais la taille de l’endroit n’était pas si surprenante quand on y réfléchissait. Le Système voyait d’un mauvais œil tout ce qui se rattachait à l’ancien monde. Pourquoi ? C’était un mystère total et incompréhensible pour la jeune humani qui était fascinée par cet ancien mode de vie. D’ailleurs, elle n’était pas la seule ! Son amie Mey, cherchait elle aussi, à sa manière, à comprendre cette ancienne civilisation. C’était leur plus grand sujet de discussion. Les pensées de Kye l’amenèrent à se souvenir de Mey, et du rendez-vous qu’elles avaient au parc B pour fêter son anniversaire.
Il fallait donc qu’elle se dépêche de choisir son instrument de la semaine. Elle hésitait entre une minuscule guitare, qui portait le nom d’Ukulélé, et une étrange flûte à plusieurs tubes de roseaux dont elle ignorait le nom. Après une longue et intense réflexion, elle opta pour l’Ukulélé et passa à la caisse. Le patron du magasin était un homme d’une cinquantaine d’années, assez grand et plutôt mince. Il avait les cheveux poivre et sel, et des yeux d’un vert olive. Il portait des lunettes trop grandes pour lui et les relevait toujours avec son index. Cet homme s’appelait Tex, et Kye lui vouait une grande admiration. Il connaissait le nom de chaque instrument présent durant l’ancien monde, et savait jouer de chacun d’eux ! C’était lui qui enseignait la musique à Kye. C’est donc l’air déterminé que la jeune fille se dirigea vers son mentor, qui l’accueillit avec un large sourire.
- Donc tu as choisis l’Ukulélé. Ce petit instrument sort un son très sympathique.
- Oui c’est ce que j’ai cru comprendre en pinçant les cordes. Dis-moi Tex, l’autre instrument que je regardais, comment il s’appelle ?
- Celui en roseaux ? C’est une flûte de pan. Elle produit un son très doux et onirique.
- Je la prendrais sans doute la semaine prochaine.
- Je te la mets de côté ?
- Oui s’il te plait !
Kye récupéra la petite housse noire que lui tendait Tex, et qui contenait son nouveau trésor. Puis elle remercia son ami, et se dépêcha de partir pour aller retrouver Mey au parc B.
Tout en marchant dans l’un des nombreux couloirs de la tour du C.E.S (Centre d’Enseignement Supérieur), autrefois appelé Lycée dans l’ancien monde, Kye réfléchissait intensément. Ce soir, elle aurait 17 ans. Elle n’avait plus une année devant elle, un an pour faire ce qu’elle voulait de ses journées, pour apprendre les B.F.C.G (Bases Fondamentale de Culture Générales) qu’on enseignait au C.E.S. L’année prochaine, le jour de son dix-huitième anniversaire, le Système choisirait sa voix, en fonction de ses capacités. Puis elle ne pourrait plus changer, elle serait condamnée à faire ce métier toute sa vie. Peut-être le Système lui affecterait un poste qui lui plairait. Mais elle préférait ne pas trop espérer, afin de ne pas être déçue lorsque qu’elle connaîtrait son futur métier.
C’était l’une des qualités de la jeune fille : Elle était lucide. Le contraire de son amie Mey, qui ne cessait d’espérer un monde plus beau et moins contrôlé. Kye était une personne très sympathique et digne d’une grande confiance. Cependant, si on l’énervait pour telle ou telle raisons insignifiante, elle remettait facilement les personnes responsables de ce trouble à leur place. La jeune fille était aussi extrêmement posée et réfléchie. Physiquement, elle avait des cheveux mi- longs et pourvus de grosses boucles épaisses. Deux tresses de taille moyenne encadraient son visage, et la couleur rouille de ses cheveux faisait ressortir la profondeur de ses yeux verts turquoise.
Sur son bras gauche, à hauteur de son aisselle, La jeune humani s’était fait faire un tatouage qui faisait le tour de son bras. Certaines personnes le prenaient pour un bracelet. Mais les seuls bijoux qu’elle portait étaient ses 6 boucles d’oreilles et son pendentif. Celui-ci représentait une croche, une ancienne note de musique, utilisée dans l’ancien monde. Ce collier était la seule chose qui lui restait de sa génitrice. Kye admirait le courage de cette femme, qui avait contourné les règles du Système en laissant une trace d’elle à sa création. « Les créations », autrefois appelés « enfants » dans l’ancien monde, étaient enlevées à leurs génitrices 6 semaines après leur naissance. Puis, la vie des humanis commençait, répartis dans différentes sections, elles-mêmes possédant plusieurs tours : d’abord au C.I.V (Centre d’Insertion Vitale), jusqu’à leurs 5 ans, puis aux Centres d’Enseignements Primaire (C.E.P), de 6 à 10 ans, Intensif (C.E.I), de 11 à 14 ans et enfin, Supérieur, de 15 à 17 ans. Ensuite, les humanis étaient dirigés vers leurs voies, et, pour finir, ils allaient au Centre de Repos Final, (C.E.F) pour achever leur vie dans la tranquillité et la quiétude. Durant la vie active des humanis, les sections étaient divisées par catégories d’âges. Ainsi, la section 1 regroupaient les personnes âgées de 18 à 29 ans, la section 2, celles âgées de 30 à 49 et la section 3, de 50 à 65. Chaque sections comptaient 3 tours a, b et c.
Le Système contrôlait tout, voyait tout et savait tout. Il était partout, rien ne lui échappait. C’est pourquoi Kye admirait tant sa génitrice d’avoir réussi à lui léguer cet héritage, aussi infime soit-il.
Ce qu’elle aurait aimé rencontrer cette femme ! Et son géniteur ! A quoi ressemblaient-ils ? Où étaient-ils ? Sans doute dans la troisième section. Aimaient-ils leurs affectations ? La jeune fille avait tant de questions à leur poser ! Mais c’était impossible. Le Système surveillait, régnait, et ne faillerait pas.

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